éditeur : Le livre de poche
date de parution : 14 février 2018
1152 pages
prix : 11.20 €
Dans les royaumes orientaux de Tanjor, le Peuple turquoise est réduit en esclavage depuis des millénaires. Mais il chérit une légende qui lui donnera un jour le courage, l'étincelle qui lui manquent pour se révolter : la légende d'Ayesha, la déesse qui commandera aux étoiles et rendra la liberté à ses enfants condamnés. Marikani, la reine déchue et pourchassée, est-elle l'incarnation d'Ayesha ? Est-elle celle qui doit allumer le feu de la révolte et devenir la guide de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, jetés sur les routes en quête d'un refuge, à travers le chaos et la guerre ? Ceci est l'histoire dune femme indomptable, de ceux qui l'ont aimée et de ceux qui l'ont trahie. C'est l'histoire d'une révolution.
AYESHA est un livre de science-fiction avec pour sous-titre : la légende du peuple Turquoise. Les bases sont posées et l’intrigue démarre dès les premières lignes. Ici, pas de description d’un univers, d’un monde, d’une histoire. On se retrouve immédiatement parmi les bancs des rameurs promis à la noyage d’un navire en perdition. Et tout commence là, avec cette femme mystérieuse, cette reine en fuite, cherchant à rejoindre son royaume, qui plonge tenter de sauver les hommes enchainés à leurs rames. Elle n’en sauve que trois, dont deux, Mîn et Arekh, l’accompagneront dans sa fuite vers son royaume.
Car la jeune femme, Marikani, est recherchée et nombreux sont ceux à souhaiter mettre la main sur elle. Le premier tiers du livre est consacré à cette fuite, avec Arekh, avec Liénor, son amie de toujours, sa confidente, avec Mîn aussi, qui finira par mourir en cours de route et qui marquera profondément la reine. L’auteur – les auteurs, devrais-je dire, le pseudonyme ANGE regroupant deux auteurs scénaristes à succès, nous emporte sur un rythme tantôt soutenu, tantôt calme, par mers et montagnes, gouffres et galeries souterraines, au travers de paysages frappants, à la suite de ses héros principaux. Et à mesure que l’on tourne les pages, la complexité de l’histoire, de ce monde que l’on découvre, de ses personnages même, nous est dévoilée peu à peu.
AYESHA n’est pas un récit simple, non. Une multitudes de personnages secondaires se croisent et s’entrecroisent, certains amenés à jouer un rôle important par la suite, d’autres éphémères. Si comme je le disais le premier tiers du livre plonge surtout à la suite de Markani et d’Arekh avec des personnages secondaires fort limités, lors du second tiers, l’intrigue prend une ampleur plus poussée, notamment avec l’importance croissante du peuple turquoise (sous-titre du livre), ce peuple d’esclaves soumis depuis toujours et dont la force et l’importance est insoupçonnée.
Assez classiquement, le lecteur à ce stade en est à élaborer quelques suppositions assez évidentes, qui seront justifiées par la suite. Si là les auteurs utilisent des stéréotypes maintes fois vus (la révolte des esclaves), ils le font avec une précision et des petites subtilités qui rendent l’idée particulière et peu commune aux autres romans où l’on voit passer des révoltes d’esclaves.
Et toujours, ce style d’écriture tout à la fois distant et très personnel, qui de quelques mots trace une situation, un paysage, un visage. J’avoue n’avoir eu aucun mal à visualiser tant les salles des palais que les scènes plus violentes, de bataille ou de torture. Les auteurs manient là la plume de manière très belle et les mots employés sont juste, bine pesés.
Une certaine mélodie se dégage du texte, un rythme qui, utilisé à bon escient, emporte le lecteur tour à tour sur des moments calmes, presque immobiles, et d’autres soutenus, où l’on se précipite à la suite des mots pour suivre l’évolution qui s’enchaine d’une situation donnée.
C’est très plaisant à lire, et ça donne envie de tourner les pages plus encore.
Quant au dernier tiers du livre, que dire ? Il nous entraine vers des chemins inusités, des idéologies revisitées, ou les ennemis d’hier deviennent des alliés, où la force morale se déclare là où on le l’attend pas, et la folie aussi. C’est un bouleversement du monde établi dans les deux premiers tiers de l’ouvrage que nous découvrons, un renversement de situation qui, au-delà de sa beauté et de sa cruauté, touche profondément et laisse un sentiment doux-amer, notamment vis-à-vis des personnages principaux.
Car Marikani et Arekh, ce couple qui s’attire, se désire et se déteste en même temps, est au centre de tout. Le livre débute sur leur rencontre, s’achève sur leur séparation définitive. Et tout au long de l’histoire, on se retrouve globalement à suivre l’un, l’autre, ou les deux. Et c’est troublant de voir leur relation évoluer, leur psychisme changer, l’attirance céder la place à la haine, puis au regret, puis à l’envie… Et au final, lorsque l’on s’aperçoit d’une inversion des rôles, des pensées, on est presque tenté de revenir sur ses pas relire ces passages pour découvrir quel est ce moment que l’on a manqué, où les opinions des personnages convergent puis s’échangent si brusquement. C’est que les auteurs, subtils, l’ont inscrit en filigrane, et c’est tout un jeu de découvrir l’importance de ce personnage secondaire, en apparence si dénué d’intérêt et de durée, et par qui, en réalité, tout se produira…
Quant à la fin… il faut reconnaitre aux auteurs d’avoir su lier peu à peu les différentes intrigues au fil du texte pour les résoudre en quelques secondes, d’une manière à la fois douce et atroce, mais en même temps… terriblement logique et évidente. A se dire au final qu’il ne pouvait en être autrement.
En bref : Une lecture plaisante, donc, remplie de surprise, à la plume parfaitement maitrisée, dont le déroulé, loin de s’essouffler malgré le volume important du roman, se continue sans anicroche et au fil des péripéties jusqu’à une issue tellement évidente mais incroyablement triste et troublante. J’ai particulièrement aimé le style des auteurs, tantôt lent et presque contemplatif, tantôt plongé dans l’action ; et l’évolution des personnages qui nous est donnée à suivre.
NOTE : 8 / 10
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Parfois le comportement de certains personnages m'ont un peu agacée mais dans l'ensemble, je suis ravie que certains aient pris de l'épaisseur. Le rythme s'améliore aussi au fil des pages. Et la question finale - quid du pouvoir ? - est aussi abordée sous un nouvel angle.
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