éditeur : éditions Belfond
date de parution : 22 aout 2019
371 pages
prix : 18.00 €
2015, dans un bar de New York, un Afro-Américain de cinquante-neuf ans commande un whisky au serveur, un jeune Latino qui a décidé de changer de vie. Ils n’ont rien en commun et pourtant, ils vont se reconnaître. Car James a été pendant longtemps l’une des plus belles créatures du monde, et Victor souhaite plus que tout en devenir une. Certains disent qu’on est des monstres. D’autres pensent qu’on est les plus belles choses de ce monde. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. C’est vrai que nous sommes les plus jolis monstres du monde. Sur trois décennies, de Los Angeles à New York en passant par Atlanta, Jolis jolis monstres aborde avec beaucoup de finesse et de fantaisie la culture « drag », l’art du voguing, la question du genre. Alors que le puritanisme reprend place dans nos sociétés, que les homosexuels sont persécutés en Tchétchénie et jetés dans des camps, que le gouvernement Trump piétine les droits LGBT+ ou que l’État islamique en fait un combat idéologique à l’image de l’attentat d’Orlando, crime homophobe le plus grave de l’histoire américaine, ce roman haut en couleur est une prise de parole essentielle.
Dès que j’ai lu le résumé de ce roman, j’ai voulu le lire. Lisant des romans LGBTQIA+, les drag-queens font parties de mon paysage littéraire depuis quelques temps déjà. Bien que peu nombreuses, un des personnages les plus emblématiques pour moi d’un livre est néanmoins une drag, Helena Hansbasket de la série de TJ Klune Au premier regard. Si l’auteur de Jolis jolis monstres lit cette chronique, je serais ravie d’entendre ce qu’il pense de ce personnage. C’est grâce à ce personnage que j’ai eu envie de lire plus de choses sur les drag-queens car peu de romans existent. Merci alors à l’auteur d’avoir écrit ce livre. Je me suis régalée. Il a été à la hauteur de mes espérances. Sans chichis, ni fausseté, ni édulcoration, on sent l’envie de faire partager une culture qui passionne l’auteur. Unique, drôle et émouvant, je me suis plongée dans l’histoire pour en ressortir bouleversé.
Déjà ce roman mêle l’imagination de l’auteur et des faits historiques. Au fil des pages, on croise des artistes, des couturiers, toute la scène artistique du New-York des années 70-90. Démêler le vrai du faux était même parfois ardu. Mais croiser Keath Harring, Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol était inattendu et surtout génial. Les photos de la fin du livre sont essentielles pour attester de la véracité des faits. J’ai adoré les découvrir.
L’ambiance des nuits new-yorkaises nous est décrite et on est partagé entre le rêve et la dure réalité de la vie nocturne. C’est dans cet environnement que l’on va découvrir la vie de Lady Prudence, drag-queen afro-américaine qui va devenir, dans la deuxième partie du livre, la mentor de Victor. J’ai beaucoup aimé les deux parties. A la fin de la 1ère, j’étais bouleversé. Je n’avais pas envie de quitter Lady Prudence, je me suis beaucoup attachée à elle. De plus, c’est dans les années 70’ que le SIDA arrive. On voit cette maladie évoluer dans le livre, tuer beaucoup de personnalités de la nuit new-yorkaise. Ça m’a pris au ventre. On navigue donc entre les soirées drag-queens, les paillettes, le maquillage, le spectacle mais aussi les moments de doutes, d’intimités où le parcours artistique mais aussi psychologique de ces artistes nous est dévoilé. La 2ème partie est d’ailleurs presque exclusivement dédié à ça puisque l’on va suivre le parcours du 2ème personnage principal, Victor qui sous les conseils de James/Lady Prudence va devenir une drag-queen dans les années 1990 et même participer à la célèbre émission “Americ’a Next Drag Superstar”. Les deux parties se complètent bien car on va pouvoir comparer les époques. Pour Lady Prudence, les drag-queens étaient peu connues du grand public, les salles de spectacles où elles évoluent été cantonné à certains quartiers. Alors qu’à l’époque de Victor/Mia, les drags ont des émissions de TV et font parties de la culture populaire.
En bref : ce livre est un coup de coeur. Bravo à l’auteur de l’avoir écrit, d’avoir partagé avec nous cette culture drag tout en ne l’édulcorant pas, en n’en faisant pas une caricature. Bravo à Belfond aussi de l’avoir publié pour la rentrée littéraire. Avec des chapitres courts et percutants, on vit en même temps que les personnages le rythme entraînant de la culture drag qui n’a cessé d’évoluer en 30 ans. Une réussite !
NOTE : 9 / 10
Un grand merci pour votre chronique.
RépondreSupprimerJe ne connaissais pas le livre dont vous parlez et je m'y intéressais vite.
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Merci encore, à bientôt.
JDL