En 2068, les androïdes font partie intégrante de la vie quotidienne. Big Brother ne surveille plus depuis l'ombre, il se trouve dans tous les foyers.
Lloyd Salter a des troubles obsessionnels compulsifs et il se sent très mal à l'aise avec les autres êtres humains. Quand son ex lui affirme que la seule chose capable de lui correspondre serait un androïde, il ne l'écoute que d'une oreille. Pourtant, deux ans plus tard, Lloyd admet qu'il avait peut-être raison. SATinc, le plus grand fabricant d'androïdes en Australie, a inventé l'Unité Entièrement Compatible, également appelée Classe A 10. Sa dernière création est d'ailleurs l'androïde plus connu sous le nom de SHAUN. Shaun répond à tous les besoins de Lloyd, aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Mais Lloyd réalise rapidement que Shaun n'est pas comme les autres : il apprend, il s'adapte. Personne ne doit savoir à quel point Shaun est spécial. Personne ne doit savoir qu'il a évolué.

 Cette chronique a été dure à écrire parce que je n’arrivais pas à retranscrire ce que je pensais et certains souvenirs de ma lecture étaient faussés. J’ai dû relire certains passages pour rectifier ma chronique. Attirée par le nom de l’autrice (qui a écrit ma série de cowboy chouchou « Red dirt heart ») et par de bons échos, je me suis lancée dans cette lecture. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre mais j’avoue avoir été assez perturbée par ce roman. 

Même la relation de Lloyd et Shaun n’a pas réussi à enlever ce sentiment bizarre. En fait, avec le recul, je n'aurais pas dû lire ce livre. En fouillant dans ma bibliothèque, je me suis rendu compte que j'avais déjà abandonné un livre sur les robots très réalistes. J'ai donc, de base, un problème avec ça.

J'aurais dû me concentrer sur la romance que contient ce livre. Il n'y aurait alors eu aucun souci. La relation entre Lloyd et Shaun est assez belle à lire. Lloyd réussit à trouver en Shaun un partenaire de vie compatible avec lui et c'est assez beau à voir. Car Shaun n’est en fait pas un simple robot et il va développer de réels sentiments. Néanmoins, je n'ai pas réussi à m'arrêter à ça et donc ce qui me reste en tête, ce n'est que le côté bizarre de ces androïdes de classe A10, conçus notamment pour la sexualité et dont la notion de consentement, alors même qu’elle est citée et inscrite dans les lois de protection des androïdes, me semblent biaisé.

C'est assez surprenant, parce quand j’avais 15/20 ans, quand j'ai commencé à lire des yaoïs, je n'avais presque aucune de notion de ce que c'était le consentement. Dans les mangas japonais, la notion de consentement n'est parfois pas appliquée. Ou du moins le non est considéré comme un oui et c’est presque considéré comme sexy. Ça ne m'avait jamais trop dérangé. (Un de mes yaoïs préférés commence sur ce non-consentement, viol disons-le clairement). Ce n'est que plus tard que j'ai compris quel était le problème avec les mangas sur cette question. Et maintenant, j'ai tendance à ne voir que ça.

Dès le début, j’ai fait un parallèle entre les androïdes de ce livre et les poupées sexuelles hyper réelles (japonaises) en vente chez nous. J’ai clairement des préjugés sur l’utilisation de ces poupées. Ici, les androïdes, surtout ceux de classe A10 comme en achète Lloyd, sont hypers réalistes. Ils parlent, réagissent à ce que vous dites. Et surtout, ils sont faits pour le sexe. Alors bien sûr, l’autrice a fait que les androïdes ont un programme de désir sexuel implanté. Ils auraient donc du désir et toute relation sexuelle doit être consentie. De plus, il existe ici des lois de protection des androïdes, notamment des lois les protégeant des sévices sexuels ainsi que des alertes d’urgence si l’androïde est abîmé. Sur le papier ça paraît bien mais j'ai quand même un problème avec la notion de consentement du coup. Même si dans le texte, il est écrit que « la loi stipule que l’on ne peut pas toucher un androïde sans son consentement ». Donc l’autrice a vraiment travaillé sur ce sujet. Il n’empêche que je n’ai pas trop apprécié l’histoire à cause de ça. J'allais aussi écrire qu'il n'y a pas de problème avec le couple que va former Lloyd et Shaun. Mais en fait il y en a quand même un. Parce que du coup, il est implanté dans la tête des androïdes l'envie de faire plaisir à son propriétaire. Alors, où est le début de l’ordre et du réel consentement ? Je me prends sûrement trop la tête. Je précise qu’il y a des scènes de sexe entre Lloyd et Shaun dans ce roman.

Alors bien sûr, il y a toute une histoire avec le « personnage » de Shaun. Dès le départ, on se rend compte que celui-ci n'est pas comme devrait être une unité entièrement compatible qu'est cet androïde. Shaun va se mettre à utiliser des expressions comme « je pense ». Ce qui n'est pas normal. De là va découler une intrigue digne d’un roman d’anticipation. C’était plutôt bien fait et ça a rendu le livre, qui est assez court, assez intense du point de vue rebondissements. De même que l’autrice a réfléchit à la place de l’informatique dans nos vies et de la notion de surveillance de nos vies par nos appareils connectés. Elle met en avant des points de questionnement à travers ce livre. 

 

En bref : les romans d'anticipation ont souvent un côté dérangeant car ils mettent en avant des dérives de la société. Dans ce roman, au lieu de le prendre comme un divertissement, avec une belle romance, je n'ai pu m'empêcher de faire un parallèle entre les androïdes de ce livre et les poupées sexuelles hyper réalistes de notre monde. Il y a certainement du jugement dans ma façon de voir les choses mais je n'ai pas pu me séparer de ce sentiment de malaise derrière l'existence de Shaun. Malgré ça, j'ai retrouvé l'écriture sympathique d'une de mes autrices préférées et même si je ne relirai certainement pas ce livre, voir même que j’arrêterai les livres avec les robots, c'est une autrice que je continuerais de découvrir. 

NOTE : 6 / 10

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