Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n'ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C'est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous?; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d'Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d'amour et de trahisons?; de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l'étrange roi Lothar.

 Le chant des géants… un titre évocateur, qui invite à rêver. J’ai été attirée et séduite par ces quelques mots, par cette couverture sobre et d’inspiration celtique, par les premières lignes aussi.
Ce roman m’a troublée, perturbée, comblée à plus d’un titre.
Il est loin des conventions, des textes habituels. Atypique. Poétique. Comme la narration d’un conteur des temps anciens.
Ce livre parle de l’histoire de Bran, de Ianto, les deux fils d’Arthus, dont le destin sera bousculé à cause de l’amour d’une femme, Sile. Et si cela vous rappelle une certaine légende arthurienne, alors ce roman est fait pour vous.
On y croise des immortels, des géants endormis, dont les rêves dictent la destinée des hommes, et un voyageur aux étranges pouvoirs, Morfessa, qui n’est pas sans rappeler un certain enchanteur aussi.
Atypique, ce roman l’est aussi dans sa narration. Ici, point de descriptions, seulement des mots bien choisis, qui vont direct au but : l’émotion. Le texte est court, incisif, précis, empli de poésie, de suggestions. La place est laissée à l’imagination du lecteur, s’attache à narrer l’histoire, les faits, les actes. Le reste est suggéré de quelques mots, de quelques détails jetés çà et là. Cela suffit à nous plonger dans ce récit, à se laisser emporter, et à vivre et espérer aux côtés de Bran, de Sile, de Caem…
Au-delà de tout cela, il y a des thématiques esquissées, que l’on comprend sur les dernières pages, et que j’ai énormément appréciées. Quant à la fin, tout à la fois tragique et belle, elle m’a surprise. Je n’espérais tout à la fois pas certaines choses, et ai été soulagée d’en découvrir d’autres. Pour conclure, un roman qui sort du lot, qui se laisse lire, qui incite à se laisser emporter. A découvrir et à savourer.

En bref : un roman atypique, qui sort du lot, sur fonds de légendes celtiques, à la narration précise et soignée, qui nous emporte et nous entraine aux côtés de ses héros. A dévorer.

NOTE :  9 /10

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